"Pour rester dans le coup, sois un bon coup" *
Dans la série des bons conseils de Tata Paulette à ne pas retenir écouter d’une oreille, aujourd’hui elle m’annonce fièrement, tête haute, buste droit, façon danseuse de l’opéra sur le retour :
« Tu ne devrais pas passer autant de temps à lire, à t’intéresser à tout, tout le temps, à te cultiver. C’est inutile, une perte de temps, ce n’est pas comme ça que tu réussiras dans la vie.
– Pardon ?
– Pour réussir, ton capital culturel n’est plus indispensable. Ce qu’il te faut, c’est miser sur ton capital érotique ! »
« Une nouvelle étude publiée par la sociologue britannique Catherine Hakim** vise à démontrer que le capital érotique est plus important que son cousin culturel dans la sphère professionnelle, et que mettre en avant ses atouts aiderait à grimper non pas au rideau mais dans les échelons !
– Attendez Paulette, je ne vous suis pas, c’est quoi cette histoire de capital machin-chose ?
– Pierre Bourdieu, éminent sociologue ayant approfondi la notion de classes sociales, avait défini les 3 piliers de la personnalité moderne comme étant le capital social, le capital culturel et le capital économique.
(Tata Paulette passe en mode intello, ça arrive parfois, pas de panique ça ne durera pas)
« Je t’épargne les détails pour entrer dans le vif du sujet. Aujourd’hui, c’est au tour de Catherine Hakim de nous apprendre qu’un 4e pilier existerait en plus des 3 que je viens de te citer : le capital érotique.
– Paulette, vous pourriez m’expliquer sans abuser user de termes barbaro-sociologiques ?
– Selon la sociologue susnommée, le capital érotique serait aussi – voire plus – important que le capital culturel dans la sphère professionnelle. Il permettrait de trouver aisément du travail et faciliterait l’ascension professionnelle.
– C’est quoi ce capital érotique ?
– Rassures-toi, il ne s’agit pas de la beauté. Pas que en tout cas. Il s’agit du potentiel de séduction et de mise en valeur de nos charmes. Vêtements, parfum, expression du visage, allure, démarche, etc. Ce serait donc un ensemble d’atouts qui font de nous des êtres pleins de charmes, à défaut d’être des bombes anatomiques.
– Hmm, très rassurant effectivement…
– Ajouté à tous ces charmes, si en plus vous êtes épanoui(e)s dans votre vie de couple, alors là, bingo, jackpot, vous avez touché le gros lot ! Votre carrière professionnelle est assurée : selon la sociologue, vous avez plus de chances de réussir que vos collègues si vous être heureux sexuellement.
– De mieux en mieux !
– En outre, il y aurait des métiers dans lesquels le capital érotique aurait plus de chance de fonctionner. Ainsi, dans les secteurs de la publicité, des médias, du marketing et de la vente, le capital érotique peut justifier des écarts de salaire de 10 à 25 %. Ce capital serait également important dans les fonctions du management et du droit.
– Ca limite les possibilités quand même.
– Au-delà du simple constat "plus de sex-appeal, plus de chances de réussir dans la vie", Catherine Hakim nous propose une immersion dans le jeu des différences hommes / femmes ! Selon elle, les femmes auraient un "talent de séduction" plus développé que les hommes, pour la simple raison qu’elles ont ça dans la peau, voire carrément dans les gènes, comme elle l’écrit : "Par leur nature même, les femmes sont mieux dotées et plus expérimentées dans ce registre".
– Le capital érotique n’a d’intérêt que pour les femmes donc ?
– Non, cela les concerne en premier lieu, mais les hommes n’en sont pas moins touchés puisque la sociologue prend l’exemple de David Beckham, qui gagne bien plus d’argent avec son physique en faisant de la pub et du mannequinat, qu’en tapant dans un ballon rond.
Voilà, en gros, en bref et sans décodeur ce qu’il faut retenir, c’est que plus vous êtes sexy, plus les possibilités de gravir les échelons sont offertes. Tu vois ce qu’il te reste à faire ?! »
Ce qu’il me reste à faire ?! Je me demande surtout pourquoi j’ai perdu tout ce temps et cet argent à faire des études, alors que j’aurais pu mettre toutes mes économies pour assurer au mieux mon avenir professionnel : botox, chirurgie, vêtements sexy, séances de relooking et de maquillage…
La vie est cruelle !
Pourtant, force est de constater que c’est raté pour moi. Les décolletés plongeants pour les poitrines à la Jane Birkin c’est inutile, et les talons aiguilles façon "je risque de me fouler la cheville à chaque pas" je ne peux pas. Il ne manquerait plus que je me retrouve avec une collègue type Monica Bellucci.
Ma vie est foutue !